Enseignement supérieur et Recherche
L’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation constituent des investissements dans l’avenir du pays, contribuant à la diversification et à la compétitivité de l’économie ainsi qu’à la cohésion sociale et à la préservation de l’environnement et qui permettent ainsi de répondre aux défis sociétaux qui se posent au Luxembourg.
Afin que les activités d’enseignement supérieur et de recherche puissent déployer au mieux leur potentiel :
- il sera souscrit pleinement au principe d’autonomie des organismes publics de l’enseignement supérieur et de la recherche ;
- l’importance de tous les domaines de recherche, et notamment des sciences sociales et humaines, sera reconnue pour comprendre et résoudre les défis de la société. La complexité des grands défis nécessite en effet des approches transdisciplinaires et interdisciplinaires impliquant tout l’éventail des sciences ;
- l’importance de couvrir l’entièreté de la chaîne d’innovation sera soulignée, de la recherche fondamentale à la recherche appliquée, qui sont indissociables, interdépendantes et complémentaires.
- le recours conséquent aux organismes publics de l'enseignement supérieur et de la recherche par les institutions, établissements et administrations de l'Etat sera encouragé, notamment sous la forme de partenariats « public-public » afin de contribuer à une amélioration des politiques dans tous les domaines.
C’est dans cet ordre d’idées que l’action gouvernementale, de concert avec celle de tous les partenaires du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche au Luxembourg, s’inscrit résolument dans le concept de la société de la connaissance visant l’excellence et une visibilité internationale. Dans la lignée des objectifs définis dans le contexte de la stratégie Europe 2020 au niveau de l’Union européenne, les objectifs de porter à 66% le seuil de diplômés de l’enseignement supérieur parmi la population active âgée de 30 à 34 ans sera maintenu. Tout en veillant à maximiser l’efficacité des dépenses engagées et l’efficience de l’action déployée, les investissements publics dans la recherche et l’innovation, tant publics que privés, reflétés par les moyens budgétaires de l’Etat, seront portés à 1% du PIB. Les dépenses intérieures brutes de recherche dans le secteur public se situeront à 0,8% du PIB pour l’année 2023. Afin de maximiser l’impact des investissements, tant au niveau sociétal qu’économique, une stratégie nationale de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation sera développée.
Au niveau de la gouvernance de l’enseignement supérieur et de la recherche dans le secteur public, l’importance du principe consistant à lier une partie du financement supplémentaire à l’atteinte d’objectifs prédéfinis (« performance-based funding ») dans les conventions pluriannuelles sera renforcé et le principe des fonds complémentaires (« matching funds ») sera introduit afin d'encourager les investissements privés dans les projets de recherche, entre autres dans la recherche sur les applications concrètes.
La gouvernance du système de l’enseignement supérieur et de la recherche se trouvera renforcée par la création d’un comité de coordination regroupant les organismes de l’enseignement supérieur et de la recherche. Cet organe contribuera à une meilleure coordination des organismes de l’enseignement supérieur et de la recherche et de leurs activités dans les domaines prioritaires afin de renforcer la transparence dans l’affectation des moyens financiers et d’améliorer l’utilisation efficiente des deniers publics. Cette coordination renforcée aura comme but d’attirer davantage d’étudiants et de talents au Luxembourg et de conduire à des synergies substantielles entre les différents organismes. Par ailleurs, la mise en place de postes de professeurs conjoints entre deux organismes, de professeurs affiliés à l’Université, de même que l’organisation de formations doctorales conjointes ainsi que la création de groupes ou d’unités de recherche interinstitutionnelles, pourra être facilitée à travers cette coordination renforcée.
Dans le même ordre d’idées, la loi modifiée du 31 mai 1999 portant création d'un fonds national de la recherche dans le secteur public, la loi du 3 décembre 2014 ayant pour objet l’organisation des centres de recherche publics et la loi modifiée du 27 juin 2018 ayant pour objet l’organisation de l’Université du Luxembourg, seront réexaminées à la lumière des objectifs généraux énoncés dans le présent accord de coalition.
Soucieux de garantir et de promouvoir, tant sur le plan national que sur le plan européen et international, la renommée du système de l’enseignement supérieur luxembourgeois et la reconnaissance des diplômes nationaux d’enseignement supérieur, une démarche visant à doter le Luxembourg d’un cadre solide et cohérent en matière d’organisation et de gouvernance de l’enseignement supérieur, fondée sur les principes du processus de Bologne et en ligne avec les standards européens en matière d’assurance qualité tels que consignés dans les European Standards and Guidelines for Quality Assurance in the European Higher Education Area (ESG), sera adoptée. Dans cette optique, la loi modifiée du 19 juin 2009 portant organisation de l’enseignement supérieur sera revue. Il s’agira notamment d’optimiser la gouvernance des programmes d’études menant au brevet de technicien supérieur (BTS), de réviser les procédures d’accréditation et de monitoring des programmes de BTS ainsi que des institutions et des programmes d’enseignement supérieur étrangers sur le territoire luxembourgeois. Parallèlement, l'offre en formations et programmes d'études BTS sera élargie et diversifiée afin de répondre à la demande croissante en main d'oeuvre qualifiée. Par ailleurs, le Luxembourg participera au projet de l’OCDE dénommé « Améliorer les performances des systèmes d’enseignement supérieur », qui implique la réalisation d’une étude du système d’enseignement supérieur luxembourgeois. Cette évaluation de l’OCDE nourrira les réflexions autour de l’élaboration d’une stratégie nationale de l’enseignement supérieur, en visant notamment une meilleure cohérence entre l’enseignement supérieur et le marché du travail.
L’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation, mis en oeuvre par les organismes publics d’enseignement supérieur et de recherche, auront un double focus : l’excellence, mais aussi l’ancrage dans la société luxembourgeoise. La démarche de l’excellence sera favorisée par le recrutement de chercheurs et de professeurs de renommée, ainsi que par une évaluation externe régulière par des experts internationaux indépendants.
Afin de créer un environnement attractif et d’attirer un nombre suffisant de spécialistes au Luxembourg, les actions visant à accroître la mobilité internationale et intersectorielle seront renforcées. Ces actions seront basées pour les chercheurs et professeurs sur un processus de recrutement et d’appréciation transparent, ouvert et fondé sur le mérite. Dans ce contexte, la lutte contre la précarisation du statut de chercheur sera menée. A cette fin la situation professionnelle ainsi que sur les perspectives de carrière à long terme des chercheurs sera analysée. L’action gouvernementale visera en particulier une augmentation de la proportion de femmes aux postes de professeurs ordinaires auprès de l’Université du Luxembourg et dans les positions clés de l’enseignement supérieur et de la recherche.
L’Université et les centres de recherche publics concentreront leurs moyens financiers supplémentaires sur un nombre limité de domaines prioritaires ayant un fort potentiel socio-économique et contribuant à une visibilité internationale. Pour la prochaine période législative, les domaines de recherche prioritaires suivants ont été identifiés : les finances, notamment les finances vertes, les sciences de l’éducation, la biomédecine, les sciences et technologies de l’information et de la communication, les matériaux innovants, les sciences de l’environnement et la transition écologique et l’histoire contemporaine. Dans cet ordre d’idées, le fonds national de la recherche préparera une actualisation de la liste des priorités nationales de la recherche publique qui permettront un renforcement de la masse critique. La transdisciplinarité et l’interdisciplinarité des domaines de la recherche publique seront promues, permettant ainsi la convergence d’un certain nombre de domaines scientifiques.
Le développement des activités d’enseignement et de recherche dans le domaine de la médecine à l’Université sera soutenu afin de mettre en place un premier cycle d’études médicales, d’intégrer définitivement la formation spécifique en médecine générale dans l’Université et de développer des formations de spécialisation en médecine, notamment en oncologie et en neurologie.
Afin d’encourager les activités de recherche au sein des administrations et services gouvernementaux et afin de mieux les coordonner avec organismes de recherche par la mise à disposition de moyens budgétaires dédiés à cet effet, des programmes de collaboration public-public seront renforcés, notamment par l’intermédiaire du fonds national de la recherche.
Le ministère ayant la recherche dans ses attributions assurera une meilleure coordination de ces efforts.
La recherche sur alternatives expérimentales animales sera activement soutenue et il sera veillé à réduire au strict minimum les tests d’animaux dans la recherche scientifique grâce à la stratégie des trois R : Remplacer, Réduire, Raffiner.
Une définition large du concept de valorisation de la recherche, de l’impact scientifique, en passant par la mobilité intersectorielle des chercheurs et la valorisation économique et l’impact sur le développement des politiques, sera adoptée. Le renforcement de la valorisation des résultats de la recherche publique et des partenariats public-privé dans ces domaines de recherche prioritaires soutiendra la diversification économique dans les secteurs économiques prioritaires de l’automobile, des biotechnologies, des écotechnologies, des technologies spatiales, de l’information et de la communication et de la logistique.
Une politique de « science ouverte » pour les données et publications scientifiques sera définie. Une circulation accrue des connaissances scientifiques par « le libre accès » aux données scientifiques et aux publications résultant de la recherche financée par les moyens publics permettra de maximiser l’exploitation des résultats scientifiques.
En outre, un soutien renforcé sera accordé à la promotion de la culture scientifique et entrepreneuriale chez les jeunes et les échanges entre les chercheurs et la société civile.
Dans une approche visant une meilleure organisation et utilisation des infrastructures immobilières à disposition des acteurs de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, le développement du site Belval sera poursuivi et les planifications du centre sportif Belval et de deux bâtiments comprenant des laboratoires, l’un pour l’ingénierie de l’Université et l’autre pour la biomédecine et les sciences de la santé du Luxembourg Institute of Health et de l’Université, seront initiées. De même, la Faculté de Droit, d'Économie et de Finance de l’Université du Luxembourg ainsi que l’Institut Max Planck Luxembourg seront implantés sur un site unique à Luxembourg-Kirchberg, situé sur l’actuel campus Kirchberg.
Même si la mobilité étudiante et la poursuite des études à l'étranger est encouragée et promue, notamment par le biais du dispositif d’aide financière de l’Etat pour études supérieures, la diversification de l’offre nationale de programmes d’études supérieures continuera également d’être soutenue, tout en veillant à optimiser la gestion financière de ces derniers. Ce développement devrait permettre de démocratiser l’enseignement supérieur et de le rendre plus inclusif, en tenant compte de la diversité de la population. L’Université devra pleinement faire usage des infrastructures situées à Belval et développer un concept cohérent d'apprentissage, centré sur l'étudiant et l’exploitation des bénéfices potentiels des technologies numériques.
Le développement d’une vie étudiante active au Luxembourg sera encouragée et les associations estudiantines seront consultées sur des questions politiques les concernant. En étroite coopération avec l’Université, les communes et les promoteurs publics, les efforts en vue d’offrir davantage de logements aux étudiants ainsi qu’aux jeunes chercheurs seront intensifiés.
L’Université fera pleinement partie d’Esch 2022.
Un bilan de l'aide financière de l'Etat pour études supérieures sera effectué.
Misant sur le principe de l’apprentissage tout au long de la vie (« lifelong learning »), le développement des activités de formation continue et professionnelle relevant de l’enseignement supérieur sera soutenu, notamment par le biais du nouveau Centre de gestion pour la formation continue et professionnelle universitaire GIE (University of Luxembourg Competence Centre).
Un renforcement de l’internationalisation de la recherche et de l’enseignement supérieur sera promu et une plus forte intégration des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche dans l’espace européen de la recherche et l’espace européen de l’enseignement supérieur sera visée par une participation accrue aux programmes bi- et multinationaux du fonds national de la recherche et en particulier aux programmes européens Erasmus+, Horizon 2020 et Horizon Europe. La coopération internationale dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche sera encouragée et la promotion du site Belval au niveau international soutenue.